Le cahier de doléances du quartier de la Source était disponible en mairie de proximité durant le temps du grand débat. Nous avons pu consulter les photocopies de ce document à la mairie d'Orléans.
Un peu plus d'une vingtaine de contributions, pour plus de 10.000 habitants. 0,2% de participation... Les foules ne se sont guère déplacées à la mairie de proximité de La Source pour participer au grand débat national.
Mais ceux qui ont pris leur plus belle plume ont souvent eu l'encre volubile. Inquiétudes, angoisses, colères, et surtout propositions se succèdent à la lecture des trente-huit pages remplies. Nous avons compilé l'ensemble de ce qui a été inscrit dans les photocopies de ces pages. Habitant historique du quartier de La Source et conseiller municipal, Michel Ricoud a apporté son regard à ces propositions des citoyens.
Sans surprise, la justice fiscale est la thématique la plus abordée dans ce document, de manières diverses. Les uns réclament la diminution ou la suppression de la TVA pour les produits de première nécessité. Les autres demandent un retour de l'ISF ou une suppression des niches fiscales.
D'autres écrits mettent en avant une taxe foncière et d'habitation trop élevée pour le quartier de La Source. La situation est soulevée depuis plusieurs années par le groupe de travail Valeurs locatives de l'Association des habitants de La Source (AHLS). "Les taxes foncières sont de 30% plus chères que sur les autres quartiers d'Orléans, preuves à l'appui", affirme Michel Ricoud, qui mène ce combat avec le collectif.
La sécurité, thématique peu évoquée
Chose plus étonnante pour les habitués des chaines d'information en continu : le peu d'inscriptions laissées pour les questions sécuritaires et d'immigration. Encore moins nombreuses sont les références à des problèmes de délinquance dans le quartier de La Source, malgré l'image négative qui en est parfois véhiculée. "Il faut reconnaître à l'équipe qui a pris la suite de Jean-Pierre Sueur (l'ancien maire) la prise en main de ces questions, sans compter le grand projet de ville qui a permis d'améliorer les conditions de logement", précise le conseiller municipal. "Le quartier où l'insécurité monte, c'est Saint-Marceau, et pas La Source." Le conseiller communiste pointe, malgré tout, du doigt la place Ernest-Renan, "accès de fixation" des trafics de drogue.
La question écologique n'a pas été laissée de côté. Plusieurs habitants de La Source ont souligné la nécessité d'un développement des transports alternatifs à la voiture. Ajouter des pistes cyclables pour relier les communes de la métropole, mettre en place davantage de transports en commun ou rouvrir les petites lignes SNCF supprimées font partie des demandes recueillies. "On est loin du compte", abonde Michel Ricoud qui ajoute une proposition non formulée sur les écrits du quartier : "La gratuité des transports en commun", afin de limiter le nombre de voitures en circulation.
La désertification, notamment médicale, est un autre sujet d'inquiétude. Dans le cahier de doléances, deux Sourciens demandent l'obligation pour les jeunes médecins de s'installer dans des déserts médicaux au début de leur carrière. Le cas de la maison de santé Simone-Veil accapare l'attention. La structure médicale a connu plusieurs départs de médecins. "Elle est menacée de fermeture", précise l'élu, qui évoque le départ prochain à la retraite de deux autres praticiens.
La jeunesse absente des débats
Plus généralement, le Loiret fait figure de mauvais élève avec une densité de seulement 67,25 médecins généralistes pour 100.000 habitants, selon les chiffres du Répertoire partagé des professionnels de santé (RPPS) et de l'Insee. Orléans, bien que ville d'importance, n'est pas épargnée par la situation. Dans les écrits du cahier, un(e) habitant(e) estime qu'"il n'y a plus rien : plus de commerces, plus de médecins...", qualifiant même le quartier de La Source de "ville morte".
Dernier enseignement, et pas des moindres : une participation quasi-nulle des jeunes. Le constat est évident à la vue des thématiques déployées dans le cahier et n'est pas inhérent à la seule forme écrite. Les organisateurs du grand débat de La Source, qui s'est déroulé le 13 février à la salle Pellicer, souhaitaient réunir la jeunesse en priorité. Mais ce public n'a pas répondu présent. On peut pourtant difficilement imaginer la construction d'un avenir serein dans le quartier sans passer par cette jeunesse. Ces citoyens ont des choses à exprimer, à n'en pas douter. Reste à trouver la bonne méthode pour les inviter à le faire.
Thomas Derais
Pour prolonger
Le quartier d'Orléans-La Source a tenu son assemblée générale de quartier, en présence du maire et de plusieurs élus, le vendredi 7 juin, à la salle Pellicer. Sur le site de La République du Centre, nous avons posé notre loupe sur trois idées développées au cours de cette assemblée. Nous avons notamment parlé de la participation des jeunes et de la situation de la MSP Simone-Veil, déjà évoquées dans le cahier de doléances. Cette dernière devrait accueillir de nouveaux médecins, selon l'adjoint chargé de la santé, Valmy Noumi Komguem, qui s'est dit« très optimiste » sur le futur de cette structure.
Comentarios